Une soixantaine de personnes se sont regroupées samedi 19 novembre 2022 autour des clubs taurins béarnais pour déposer symboliquement une motion soutenant la corrida. Le torero Dorian Canton et les députés David Habib et Josy Poueyto ont pris la parole.

« Ce métier est un droit que nous comptons défendre » : le jeune matador béarnais Dorian Canton a pris la parole, samedi 19 novembre devant la préfecture des Pyrénées-Atlantiques, à Pau, avant de porter symboliquement, avec les représentants des clubs taurins béarnais, une motion défendant la tauromachie tandis que la proposition de loi d’Aymeric Caron sur le sujet devrait être débattue à l’Assemblée le 24 novembre.

Dorian Canton fait partie d’une délégation de l’Association des matadors de toros français qui se rendra à Paris pour faire entendre leur voix.

Ce samedi matin, une soixantaine de personnes étaient présentes à l’appel des clubs taurins, dont plusieurs élus, écharpe tricolore en vue. Le maire d’Orthez, Emmanuel Hanon, s’est dit inquiet « que cette démarche ne soit qu’un premier pas » : « La proposition est portée par un antispéciste, qui place l’homme et l’animal sur un pied d’égalité. Dans cette logique on pourrait aller jusqu’à interdire l’apiculture, qui réduit à l’esclavage les abeilles ! ça n’a pas de sens. Personne n’est obligé à assister à des corridas. Continuons à défendre nos libertés. »

Dimension politique

La députée Josy Poueyto a annoncé qu’elle voterait contre la proposition de loi au nom de la défense des différences culturelles et patrimoniales. « Moi, je ne vais pas à la corrida. Quand on ne veut pas, on n’y va pas ! Mais je ferai barrage à cette proposition, comme Jean-Paul Mattei et le groupe Modem. ».

Le député David Habib, grand défenseur engagé de la corrida, a préparé nombre d’amendements pour tenter d’éviter que le texte n’aille en discussion. « Aymeric Caron a avoué dans un livre vouloir abolir, après la corrida, la chasse, le gavage des canards… Il incarne tout ce que nous détestons, un vrai colonialisme parisien. » Côté politique, il a fustigé les Insoumis et les écologistes « qui soutiennent tactiquement cette proposition ».

Les opposants mobilisés

Un peu plus tard dans la matinée, à l’Aragon à Pau, plusieurs représentants politiques (Parti animaliste, Europe Ecologie-Les Verts, Insoumis, GDS) ont organisé un point presse pour afficher leur « soutien total et entier à la proposition de loi d’Aymeric Caron sur l’abolition de la corrida ».

« C’est une aberration aujourd’hui de soutenir des traditions locales qui n’en sont pas, puisque cela a été importé d’Espagne », a dénoncé Tiphanie Senmartin, du Parti animaliste, avançant les « souffrances terribles infligées aux animaux » et la « banalisation de la violence ».

L’écologiste paloise Emma Camelot balayait l’argument d’une vision « parisianiste » des anti. « Moi, j’allais aux arènes avec mon père, dans un climat familial très aimant. La corrida, je connais, je connais ses codes. Si aujourd’hui je milite pour son abolition, c’est qu’en tant que progressiste je considère que c’est une barbarie, qu’il est temps d’entrer dans la modernité. Comme 78 % des Français qui soutiennent ce projet de loi. »