Au-delà de son lieu de naissance singulier, la région de Béarn, au pied des Pyrénées, avec une tradition taurine peu ou nulle, la carrière de Dorian Canton ne s’est pas conformée au modèle habituel de tout jeune homme désireux de se vêtir de lumières. Presque autodidacte au début de sa carrière, en un peu plus d’un an, il a passé de ses débuts avec des chevaux (avril 2018) à prendre l’alternative (juillet 2019). Cette trajectoire météorique a été brusquement interrompue par la pandémie, mais cette période de pause n’a pas été du temps perdu pour le torero français, qui, sous la direction de son apoderado Olivier Mageste, a décidé de venir vivre à Madrid pour vivre en tant que torero et surtout, pour se perfectionner sur le plan technique et renforcer son concept.
Les résultats de cette année 2022 sont très prometteurs : en seulement six corridas de toros – toutes en France – plusieurs triomphes notables (Aire Sur L’Adour, Villeneuve de Marsan, La Brède…) et surtout une faena qui a mis tout le monde d’accord dans le sud-ouest de la France : celle de Bayonne en septembre. Cette oeuvre, dans la corrida des « six pour six » de la Feria del Atlántico, a servi à confirmer les bases d’une tauromachie aux traits élégants et harmonieux, très dans la ligne d’un « torero de toreros » avec qui Dorian s’entraîne régulièrement : José Ignacio Uceda Leal.
Du maître de Usera, miroir et référence pour les professionnels et les aficionados, Canton absorbe comment ressentir la tauromachie, comment marcher dans l’arène, comment se placer et faire glisser le tissu pour que la passe, en plus d’être la plus longue possible, porte en elle, comme cela s’est produit à Bayonne, le sceau de la qualité. Ainsi, en tirant parti de taureaux courageux et exigeants (Fuente Ymbro, Margé, Pedraza de Yeltes…), il s’est fait une place et un nom dans le sud-ouest de la France, où en 2023, il réalisera la base d’une saison dans laquelle il souhaite faire ses débuts dans le sud-est et a l’illusion d’être inclus dans la Copa Chenel, un concours qui serait sa présentation en tant que matador en Espagne, un pays où il est un parfait inconnu, ayant à peine joué à deux reprises en tant que novillero, toutes deux à Las Ventas.
En attendant, il s’entraîne avec le bétail et les carretones. Parce que le béarnais est conscient qu’il faut profiter de chaque opportunité qui se présente pour accumuler des expériences et grandir, sans perdre de vue, au-delà des triomphes et des trophées, sa grande découverte de l’année qui se termine et que le protagoniste lui-même exprime en ces termes : « J’ai pu m’exprimer comme je veux toréer ».