Villeneuve-de-Marsan

Après son alternative dans ces mêmes arènes, Dorian revenait à Villeneuve de Marsan pour une corrida 100% française.

Il était au cartel en compagnie de Thomas Dufau et d’Adrien Salenc face à 6 toros de Robert Margé.

Un lot assez disparate de présentation, qui a manqué de force mais dont le fond de noblesse a permis, à des toreros motivés, de donner dans des registres très différents du relief et de l’intérêt à une tarde entretenue.

Costaud, avec un joli trapio, le troisième Margé s’est abimé une corne lors du débarquement.

Dorian le reçoit parfaitement par des véroniques profondes et d’une douce lenteur. Dans le bon sitio, avec un temple à gusto, Dorian gagne avec poder du terrain vers le centre. Le ton est donné. Ici, on est dans le registre de la sincérité.

Comme ses deux prédécesseurs, le Margé est faible. Bien mis en suerte, il va prendre une seule pique sans pousser. Très bon quite « léché »de Dorian !

Canton débute sa faena par des doblones suaves et parfaitement maîtrisés, de vrais « bonbons acidulés » offerts avec grâce et lenteur.

Dès les premiers derechazos et comme on pouvait s’y attendre, le toro faible n’a qu’une demi-charge. Dorian s’arrime, sollicite le bicho à mi-distance. Avec beaucoup de métier et sans jamais brusquer son adversaire, il invite le Margé, à suivre le leurre en respectant les trois temps de la passe. Un bon travail de réglage avant de prendre la main gauche et nous régaler, de naturelles ciselées, d’une infinie lenteur…

Un travail d’une grande pureté technique qui va lui permettre de lier 4 séries gauchères à un toro sans charge et « à une seule passe ».

Le Margé va « a menos ». Retour à droite en réduisant la distance pour une fin de faena agrémentée de changements de mains millimétrés et « pechos » profonds. Au moment de vérité, Dorian s’engage… L’épée est entière… Le toro tombe. Une oreille méritée attend Dorian…

Hélas ! Trois fois hélas !

Le puntillero rate sa cible et le toro se relève… La mort s’éternise… L’oreille s’envole !

L’assistance, encore sous le charme de la sincérité et de la qualité du toréo produit, invite le torero à saluer… Dorian reçoit aux deux tiers de l’arène une belle ovation !

Ces deux compagnons de cartel ayant « coupé », c’est un Dorian déterminé à triompher qui accueille le sixième, le plus costaud et le mieux présenté de la tarde.

Dorian réceptionne le bicho en toréo… main basse… Dès les premiers capotazos donnés avec beaucoup de poder, Dorian perçoit vite la noblesse du Margé et tout le potentiel de l’animal notamment sur le piton gauche. Le toro manque de force et prendra une seule pique en poussant un peu…
Superbe quite de Dorian qui aura fait apprécié, à ses deux passages, la profondeur et la justesse de ses capotazos…

Excellent début de faena par statuaires, les pieds rivés dans le sable… Le bicho confirme le potentiel entrevu sur sa corne gauche.

La première série à droite révèle encore plus la faiblesse du Margé qui tombe à la troisième passe… Avec métier et intelligence Dorian va le toréer à mi-hauteur… Bien que l’envie de prendre tout de suite la main gauche le taraude, Dorian toujours aussi sincère et respectueux offrira une seconde série droitière, main basse, à un toro qui lui lèche les tibias…

Le passage à gauche va nous offrir un moment sublime durant lequel Dorian va ciseler, avec classe, le « bijou » de la tarde…

Quelle main gauche ! Un poignet de velours qui aspire le bicho et l’enroule avec grâce autour de la statue. Classe, ceinture, temple, maîtrise, relâchement et élégance racée. Un toréo vrai, engagé, magnifique de sincérité exempt de tout racolage.

Un grand moment de « toreria » qui a donné le frisson aux aficionados et que Dorian va brillamment conclure par une entière engagée au second envoi. Sans hésiter, deux grosses oreilles tombent « directement » du palco.

Synonyme d’une formidable ovation et d’une sortie à hombros pour la troisième fois de la saison !