Bayonne

Un Dorian « lumineux » éclaire les arènes de Lachepailllet

Pour son dernier contrat de la temporada 2022, Dorian était au cartel de la traditionnelle corrida de « six », dite de l’opportunité, au côté de l’expérimenté Morenito de Aranda de Burgos, du colombien Sebastian Ritter, des espagnols Daniel Crespo et Angel Tellez et du portugais Joao Silva Juanito face à 6 toros de Pedraza de Yeltes. Un lot particulièrement sérieux avec des toros hauts, longs et très armés, difficiles à manier et ne permettant pas l’erreur.

Dans cette configuration particulière, passer en première et dernière position n’est pas une sinécure. Le premier torero doit lancer la tarde, et le dernier doit gérer une attente de plus de deux heures avant d’en découdre.

C’est paradoxalement ces deux piétons qui offrirent les meilleurs moments de la tarde. Morenito de Aranda, très bon chef de lidia, ouvrit bien les débats, il perdit aux aciers une récompense entrevue...

Comme insensible à la pression, Dorian accueille le sixième Pedraza, un joli « tonton » de 595kg, avec le calme et la sérénité d’un matador de vingt ans d’alternative…

Comme à son habitude, Dorian soigne sa réception au capote… En « torero », les véroniques, suaves et templées, sont données main basse en gagnant du terrain à chaque passe... Bien mis en suerte, le Pedraza va prendre deux piques... la première en poussant…

Bon quite de Morenito de Aranda à la sortie de cheval…

Dorian va y répondre avec classe et beaucoup d’autorité... trois chicuelinas d’une grande justesse technique, vibrantes, données pieds joints… au centre de la piste… Les « olé » fusent, les gradins frémissent…
Dorian va commencer sa faena par des doblones…

Dès la première série à droite, il trouve le bon sitio et aspire le Pedraza dans sa muleta…

Les trois premières séries à droite sont d’une incroyable fluidité. Parfaitement centré, et avec beaucoup d’élégance et de poder… il enroule le bicho dans sa muleta… ralentit la charge tout en gardant de la profondeur.
Les cornes du Pédraza lèchent les tibias du béarnais… Le public est sous le charme, les « olé » accompagnent chaque passe… Une odeur de grand soir entre Nive et Adour…

Même la dramaturgie s’invite à la fête…

Moment de frisson quand, bousculé par le flanc du Pedraza, Dorian est projeté à terre… A la merci des cornes, il trouve le réflexe de dévier lui-même la charge du toro… Ouf !

Rien ce soir ne pourra troubler la détermination du torero. Avec calme et poder, Dorian reprend la muleta pour une série dominatrice d’une incroyable sérénité… ! Toréer jusqu’au bout de la nuit bayonnaise !

A gauche, le régal continue… La douceur et la précision de la main gauche de Dorian ensorcelle le bicho…

Avec beaucoup d’intelligence et de lucidité, dès que le Pedraza commence à montrer des signes de fatigue… et va a menos… Dorian abrège le combat. Il accompagne le toro dans sa querencia pour nous offrir une dernière série à droite « exceptionnelle » de justesse et d’émotion…

Au moment de vérité, quand l’artiste doit laisser la place au guerrier, c’est un silence assourdissant qui s’abat sur Lachepaillet

Dorian s’engage « a matar o morir » entre les cornes du bicho… Pour une entière en se mouillant les doigts ! Un modèle du genre ! Le Pedraza terrassé, tombe sans puntilla…