Aignan

Deux grandes faenas, une seule oreille ! Un échec aux aciers à son premier adversaire le prive d’un grand triomphe et d’une nouvelle sortie à hombros.

Pour son premier contrat de la temporada 2023, Dorian partageait le cartel de la traditionnelle corrida de Pâques d’Aignan, avec l’espagnol gaditan, David Galvan et le mexicain Isaac Fonseca face à 6 toros de Pagès Mailhan.

Un lot sérieux avec des toros lourds et armés, manquant un peu de force et souvent difficiles à manier. Bons le premier et le quatrième, excellent le sixième.

Le second, « Fafaron », est un joli tonton de près de 5 ans. Il entre avec force dans le capote de Dorian.

Le Pagès Mailhan manque de force… Bien mis en suerte, il ne prendra qu’une seule pique…. en poussant… Très bon quite de Dorian par chicuelinas. Le toro est exigeant. Avec beaucoup d’autorité, Dorian va commencer sa faena par des doblones tout en élégance et poder.

Ses premières séries à droite sont du même acabit, profondes, données avec temple et main basse, elles imposent et régulent la charge du toro. Siempre torear, solamento torear.

A gauche, la maitrise et la douceur du poignet de Dorian aspirent le Pagès Mailhan. Chaque naturelle est donnée avec profondeur et sincérité. Chaque muletazo raconte une histoire de la quête permanente du torero. Un début de faena en adéquation avec le toréo recherché par Dorian où chaque passe est offerte avec temple, verticalité, sincérité et poder.

Le toro commence à rompre. Dorian réduit la distance et se fait durement accrocher par le Pagès Mailhan.

Touché au mollet droit, il se relève immédiatement. Le « varetazo » (coup reçu avec le plat de corne) est violent et va laisser des traces. « Sur une jambe », Dorian serre les dents et reprend le combat. La fin de faena avec un Pagès Mailhan de plus en plus « avisado » est toujours aussi sincère mais un peu plus heurtée. La mise à mort laborieuse qui verra Dorian coucher son adversaire après deux avis va enlever de fait tout espoir de récompense. Qué làstima ! Après un long passage par l’infirmerie, Dorian fait son retour dans le callejon avant d’affronter son second adversaire de la tarde.

« Iluminado » a moins de trapio mais est joliment armé.

Bonne réception par véroniques lentes et profondes. Le bicho a tendance à protester dans le capote de Dorian. Bien piqué, il va prendre un seul puyaso en se défendant.

Dorian va débuter sa faena par des statuaires données à mi-hauteur.

Le Pagès Mailhan a une facheuse tendance à donner des coups de tête en fin de passe. Avec beaucoup de sang-froid et de précision, Dorian rectifie à chaque derechazo les défauts du cornu avant de prendre la main gauche… « sa » main gauche ! Ses naturelles données avec temple et par le bas sont d’une incroyable fluidité. L’avant dernière série de naturelles données de face auraient fait rugir les arènes de Séville. Ce « torero « poderoso » porte moins sur les gradins d’Aignan.

Pour conclure cette faena parfaitement structurée, le final est tout aussi fleuri avec beaucoup d’aguante et de classe.

Après avoir totalement dominé son adversaire, Dorian enfouit une entière foudroyante au premier envoi. Une oreille va venir récompenser cette démonstration de toréo. Il a semblé à beaucoup que l’ensemble valait peut-être deux oreilles ! On dira deux oreilles « morales » !